Aquaman 2

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Il était une fois un temps où un film aussi ouvertement terrible que « Aquaman  and the Lost Kingdom » deviendrait son propre spectacle. Il serait célébré, ironiquement, comme un autre « Highlander II: The Quickening » ou « Battlefield Earth » – un banquet d’absurdités pour les futurs étudiants universitaires éméchés à déguster. Mais le marché des super-héros a complètement anéanti cette joie. Maintenant, il est étonnamment possible de regarder l’actrice oscarisée Nicole Kidman chevaucher un requin robot en CGI et ressentir… absolument rien.

Aquaman et le Royaume perdu

Est la dernière entrée dans la galerie des films de franchise dépourvus de cerveau. C’est une autre rappel que le cinéma est pris dans un étau corporatif, privant les artistes de la capacité même de s’agiter avec style. Le réalisateur James Wan avait, à un moment donné, affirmé avec confiance son intention de réaliser un film d’horreur dérivé, « The Trench » (centré sur un rival mystérieux et ésotérique du monde natal d’Aquaman, Atlantis), mais a dû maladroitement condenser ces idées en arrière-plan pour le méchant récurrent de la franchise, Black Manta.

Interprété par Yahya Abdul-Mateen II, qui fait un travail vaillant en s’engageant dans l’émotion solitaire de rage sociopathique de son personnage, Black Manta est motivé par le désir de tuer Aquaman (Jason Momoa). Dans sa quête de vengeance, il tombe sur un trident maudit, créé par un monarque fantomatique ressemblant à une animation Halloween bon marché et dont le plan de domination mondiale implique d’abord la combustion d’une quantité insensée de combustibles fossiles. Oui, ce film parle étrangement du changement climatique !

Cela constitue bien sûr une menace particulière pour Aquaman, maintenant père de famille à plein temps. Il a sa reine, Mera d’Amber Heard, à ses côtés et un nouveau-né à la maison, ce qui lui permet de crier à la fois « Éloigne-toi de ma femme ! » et « Éloigne-toi de mon fils ! » pendant deux heures. Bien que Heard soit présente davantage dans « The Lost Kingdom » que ne le laissait entendre sa campagne promotionnelle hautement suspecte (ce qui, associé aux rapports sur son prétendu traitement sur le plateau, dresse un tableau vraiment sombre de la façon dont les survivants d’abus sont encore traités), son personnage souffre également d’un agaçant faux-féminisme. Mera est reléguée à l’écart jusqu’à ce qu’il soit narrativement pratique d’avoir un moment « girl power », où tout le film s’arrête comme s’il attendait que le public se lève et applaudisse.

Cependant, « Aquaman and the Lost Kingdom » traite surtout de la fraternité, alors que notre héros recherche son parent emprisonné et ancien ennemi, Orm (Patrick Wilson), comme allié potentiel. Et bien que Wan tente de transformer Orm en un anti-héros semblable à Loki, d’allégeance changeante, il ne lui offre jamais l’espace nécessaire pour une vraie introspection.

Aquaman et Orm sont d’abord trop occupés à courir à travers des scènes dérivatives : ils rencontrent un Jabba the Hutt aquatique, doublé par Martin Short et entouré d’un cortège de dames poissons sexy, avant de débarquer dans un royaume style « Mysterious Island » peuplé d’énormes insectes carnivores. Pendant ce temps, Aquaman, historiquement arrogant mais largement sympathique, s’est totalement transformé en un étudiant de confrérie au caractère méchant. Il est tellement incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux que, lorsque le film lui demande de verser une larme, il abandonne simplement et passe au noir après 10 secondes.